Le Pape vert - Miguel Ángel Asturias
El papa verde (1954)
“Miguel Ángel Asturias, profondément enraciné dans son pays, le Guatemala, recrée dans ce roman le climat des Tropiques : chaleur, apathie, misère. Dans un style coloré, faisant image, l'auteur nous raconte le vie de Geo Marker Thompson, surnommé "le Pape vert", jeune yankee dévoré d'ambition qui, grâce à son audace, à sa totale absence de scrupule, à son génie d'exploiteur des faibles réussira à imposer au Guatemala la puissante compagnie américaine qui l'avait mandaté et "le Pape vert" régnera sur toutes les plantations de bananes.”
– Le pape vert (quatrième de couverture)
Le Pape vert (1956) est un roman de l'écrivain et diplomate Miguel Ángel Asturias (1899-1974). Profondément attaché à son Guatemala natal, et fils d'un espagnol et d'une mère indienne opposés au régime dictatorial en place, Asturias a grandi dans une région retirée, bercé par l'imaginaire merveilleux des populations locales d'origine précolombienne.
En parallèle, et durant près d'un siècle, nombre de dictateurs ouvrent la voie aux grandes entreprises nord-américaines, et à la construction d'un grand réseau de chemin de fer. C'est notamment le dictateur Manuel José Estrada Cabrera qui sera au coeur de nombreux accords. Au pouvoir dès 1898, il fera l'objet d'un soulèvement dans les années 1920, auquel participera Miguel Ángel Asturias. Les petites exploitations sont réquisitionnées, obligeant les populations locales à se réfugier dans les terres. Le Guatemala devient le premier producteur de bananes des Caraïbes. La majorité du territoire et de l'économie sont alors aux mains de la United Fruit Compagny, installée depuis 1901.
Dans Le Pape vert, Miguel Ángel Asturias va narrer comment sans scrupule et grâce à des ambitions démeusurées, un jeune nord-américain, Geo Marker Thompson, va construire un véritable empire et devenir le Pape vert, sorte de maître de l'exploitation bananière. Bien déterminé à exploiter le moindre lopin de terre, il arrive pourtant sur un bateau, en petit pirate agonisant.
Dans un contexte social et politique tendu, il fera face à deux types d'acteurs dans son ascension: des adjoints, des nord-américains le plus souvent, mais aussi des locaux, considérés comme des traîtres, capables de vendre leur pays; et des opposants, une population locale qui ne dispose pas de la force des armes. Un des ennemis du protagoniste se révelera particulièrement coriace: une nature luxuriante et indomptable, faisant l'objet de riches descriptions.
“Le Christ n'était pas citoyen nord américain. C'est pour ça qu'on l'a crucifié.”
– Le Pape vert
Malgré des noms fictifs, l'auteur se réfère à la véritable histoire de cet impérialisme américain contre lequel il mena une lutte acharné. Il intègre à son récit l'évocation de mythes précolombiens ou de courts poèmes.
"Le Pape vert" s'inscrit en réalité dans une trilogie. Le premier volume, l'Ouragan (1950) est un récit traitant des exploitants indépendants, avant l'arrivée des compagnies. Le troisième et dernier volume, Les Yeux des enterrés (1960) narre une double chute, celle du dictateur en place, Jorge Ubico (1878-1946), et celle de la compagnie bananière.
Ce qui compte pour Miguel Ángel Asturias, c'est de révéler au monde la condition de son peuple. "Le Pape vert" est souvent considéré comme un Roman social, une œuvre qui, en instaurant une fiction réaliste, vise a dénoncer des problèmes sociaux et à en montrer les conséquences sur les personnes qui en sont victimes.
Le Pape Vert, Miguel Ángel Asturias - Biblio Roman (4e)